Lili Willefert a 32 ans, elle est archiviste itinérante travaillant pour le Centre de Gestion de la Fonction Publique Territoriale de Loire-Atlantique.
Margot Georges est elle, à 33 ans, responsable des Archives municipales et communautaires du Roannais.
Voici leurs parcours
Lili Willefert
La voie des archives, retour sur un parcours universitaire :
Passionnée d’histoire, je me suis naturellement dirigée vers une licence d’Histoire. Nous devions réaliser plusieurs stages au cours des trois années d’études et j’ai effectué l’un d’entre eux dans un service municipal d’archives et patrimoine. Alors que j’étais plutôt intéressée par le patrimoine bâti, j’ai découvert le domaine professionnel des archives à ce moment-là. Après ma licence, j’ai donc postulé à plusieurs Master et j’ai été retenue à l’Université d’Angers. J’ai donc une Licence d’Histoire et un Master Histoire et Document spécialité Archives.
Débuts dans le monde professionnel et premier poste :
Mon premier poste était une vacation de deux mois à la Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt de Bretagne, en novembre et décembre 2014. Puis j’ai intégré le CDG44 en février 2015. Pour trouver mon premier poste, j’ai envoyé beaucoup de candidatures spontanées (c’est d’ailleurs grâce à cela que j’ai été contactée par le CDG44) mais j’ai également eu recours à la liste d’offres d’emploi en CDD Yahoo. Pour mon premier poste, j’avoue que je ne me souviens plus de ce qui a fonctionné entre ces deux options. Je n’ai pas trouvé que mon entrée sur le marché du travail avait été difficile même si au début je « craignais » de devoir aller sur Paris pour trouver du travail car il y avait beaucoup d’offres d’emploi sur ce secteur. Mais finalement, on pouvait aisément trouver des offres d’emploi pour d’autres régions. Lors des premières missions, on se sent un peu perdu car il y a un fossé entre la théorie et la pratique. Il m’a bien fallu 3 ans pour vraiment me sentir à l’aise. Sur mon premier poste, nous étions une équipe de 3 archivistes donc nous pouvions nous entraider. Une fois au CDG44, je me suis retrouvée seule donc je devais trouver par moi-même des solutions et me prendre en main. Du coup, ça a été très bénéfique pour moi, on progresse beaucoup plus vite. Mais je dois quand même dire que j’ai tout de suite été soutenue par mes collègues et que je savais que je pouvais leur demander conseil en cas de besoin. Donc je dirais que les débuts dans la vie professionnelle peuvent être déroutants car ça y est on est dans le concret et on se retrouve face à des documents dont on n’avait pas forcément entendu parler avant. Mais si l’entraide est forte avec les collègues, tout se déroule bien.
Des changements de poste :
Novembre et décembre 2014 : mission de deux mois à la DRAAF de Bretagne. Depuis février 2015, archiviste itinérante au Centre de Gestion de la Fonction Publique Territoriale de Loire-Atlantique. En tant qu’archiviste itinérante, la principale difficulté à laquelle je me heurte est le manque de formation des agents en matière d’organisation de leurs dossiers. Il arrive régulièrement que nous ayons des documents « en vrac » à traiter, c’est-à-dire qu’ils ne sont même pas organisés en dossiers. On essaie alors de reconstituer les dossiers comme on le peut, mais ce n’est pas évident quand on n’en est pas le gestionnaire. On peut perdre énormément de temps lors des missions d’archivage à cause de ce problème. Il faut dire aussi que les agents manquent de temps en ce moment pour se poser et prendre le temps de trier leurs dossiers, c’est-à-dire d’enlever les documents de travail, les doubles, la documentation. La deuxième difficulté est également de faire comprendre aux élus et aux agents qu’ils ne peuvent pas éliminer leurs documents comme bon leur semble, dès qu’ils ne leur servent plus. C’est en commençant à travailler que j’ai réalisé à quel point les agents et élus des collectivités territoriales ne sont pas tous au fait de la règlementation de la gestion des archives. Beaucoup ignorent qu’il faut l’autorisation des Archives départementales pour détruire des archives publiques mais également que certains documents sont communicables ou non. Il faut donc avoir beaucoup de pédagogie. Enfin, la troisième difficulté que l’on peut rencontrer est le manque de considération pour les archives en général. Améliorer leurs conditions de conservation n’est souvent pas une priorité et c’est bien dommage car la bonne gestion administrative de la collectivité dépend de l’état de ses archives.
Et dans 5 ans ?
Dans 5 ans, je pense que je serai toujours archiviste itinérante car c’est un poste où je me sens vraiment utile. Quand j’arrive, les agents des collectivités territoriales sont submergés de documents et ne s’y retrouvent plus et quand je repars, tout est plus clair. C’est plutôt gratifiant.
Question bonus 🙂 L’AEDAA et vous :
L’AEDAA est un soutien important pour les étudiants et anciens étudiants et je trouve que cette idée de présenter la variété des parcours possibles en tant qu’archiviste est très intéressante et enrichissante. Il y a tellement de structures différentes où l’on peut travailler, tellement de documents différents à classer ! Donc bravo à vous !
Margot Georges
La voie des archives, retour sur un parcours universitaire :
Mes archives personnelles vous diront qu’au collège, dans le cadre des ateliers d’orientation, j’avais fait des recherches sur le métier d’archiviste…. Pourtant c’est en première année de licence d’histoire que se cristallise ma vocation avec un stage réalisé aux archives municipales de ma ville. Je crois qu’à l’époque c’est la possibilité de mixer mon goût pour l’histoire et mon côté très cartésien qui m’a plu. Après deux années de licence d’histoire à l’université Jean Monnet (Saint Etienne), j’ai intégré la licence professionnelle traitement et gestion des archives et bibliothèques, option archives, de l’université d’Angers tout en terminant ma licence d’histoire par correspondance à l’université Paris X (Nanterre). J’ai ensuite eu la chance de pouvoir poursuivre en master « archives » toujours à l’université d’Angers (promotion sortante en 2012). Par la suite j’ai aussi réalisé un doctorat en archivistique toujours à l’université d’Angers.
Débuts dans le monde professionnel et premier poste :
Fraichement diplômée, j’ai intégré le service des archives du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) en tant que vacataire pour absorber l’arriéré de traitement post-déménagement. Deux kilomètres d’archives plus ou moins identifiées, parfois mélangées au déménagement, certaines conservées en tas ! Un beau défi ! Pour trouver cet emploi, j’avais postulé à plusieurs offres disponibles sur le site de l’Aedaa, j’avais également réalisé plusieurs candidatures spontanées. J’ai passé plusieurs entretiens d’embauches. J’avais ensuite choisi l’emploi qui me paraissait être le plus intéressant. Sur le coup, cette recherche d’emploi m’avait beaucoup stressée. Avec le recul, je me rends compte qu’elle était extrêmement facile. Je juge donc mon entrée sur le marché du travail assez aisée. Ce qui m’a le plus marqué en début de carrière c’est l’inadéquation entre mon niveau de formation et le niveau de poste auquel je pouvais prétendre. Je me suis beaucoup ennuyée.
Des changements de poste :
Hors stages : 2012-2013 – Vacation de 9 mois au siège du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT). 2013-2016 – Adjointe à la responsable du service des Archives de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). 2016-2020 – Chargée d’archives à l’École pratique des hautes études (EPHE). 2020-2022 – Responsable des Archives de Roannais Agglomération Depuis juillet 2022 – Responsable des Archives municipales et communautaires du Roannais. La première fois que j’ai changé de poste c’est parce que le contrat de vacation était terminé. Les deux fois suivantes parce que mon poste ne répondait plus à mes attentes. Mon dernier changement de poste est dû à sa transformation à la suite d’une mutualisation. Je n’ai pas eu de difficulté à changer de poste.
Et dans 5 ans ?
C’est une bonne question ! Depuis la réussite de mon master, je suis devenue une première fois maman, j’ai soutenu une thèse puis devenue une deuxième fois maman…. J’ai découvert que carrière et vie personnelle ne sont pas déliées et ne peuvent être pensées séparément (tout du moins quand on est une femme). J’ai découvert qu’aujourd’hui en France, le travail salarié est difficilement conciliable avec le travail domestique et éducatif… Alors pour le moment j’essaye seulement de faire face au présent.
Question bonus 🙂 L’AEDAA et vous :
L’AEDAA représente d’abord pour moi de beaux souvenirs mais aussi une association dynamique dont on peut être assuré de la qualité des contenus qu’elle propose. Elle m’a permis, étudiante et jeune diplômée de me constituer un réseau professionnel intéressant.
Un grand merci à Lili et Margot pour leur participation, nous espérons que ces portraits ont suscité des vocations !