Pour démarrer cette galerie de portraits, nous vous proposons de découvrir deux parcours, deux professionnelles : Eve Jullien et Alice Grippon
Eve Jullien a 42 ans. Diplômée du Master d’Angers, elle est aujourd’hui gérante de Dat@rchives
A 43 ans Alice Grippon est actuellement Directrice adjointe en charge de la diffusion et des partenariats du Programme Vitam.
Voici leur parcours
Eve Jullien
La voie des archives, retour sur un parcours universitaire :
Il m’est impossible d’expliquer le pourquoi de ce choix, ce fut une évidence lors du feuilletage du guide des études supérieures de l’ONISEP ! Donc après un BAC L (Littéraire pour les plus jeunes) en Isère, je me suis rendue à Angers pour faire un DEUG d’histoire, puis une Licence et une maîtrise option archives. Ces deux années ont été riches en expériences : stage en DEUG 2 dans une entreprise privée de stockage d’archives en Isère, stage de licence aux Archives départementales du Cher sur le fonds d’un député, vacation de 4 semaines à la Direction départementale de l’agriculture et de la forêt à Angers, stage de maîtrise au Centre de Santé Mentale à Sainte-Gemmes-sur-Loire. Ayant été recalée à ma première candidature au DESS, j’ai travaillé pendant 1 an dont environ 4 mois au Tribunal d’Angers et 3 mois au Lycée Chevrollier, ce qui m’a apporté une grosse expérience sur la gestion de gros volumes d’archives. L’année suivante, ma candidature pour le Master 2 (et oui, changement entre temps), ayant été acceptée, j’ai réalisé le Master 2 à Angers.
Débuts dans le monde professionnel et premier poste :
Après une discussion avec Mme Elisabeth Verry (directrice des Archives départementales de Maine-et-Loire) pendant une courte vacation de 6 semaines au Centre d’archives diplomatiques à Nantes (CADN), je deviens archiviste itinérante en Maine-et-Loire. Avec mes expériences précédentes pendant mes études, j’avais le bagage pour débuter. Néanmoins, je me suis vite rendue compte du besoin des collectivités sur leurs données numériques et me suis formée un peu sur le tas, car pas tellement formée sur le sujet, pour leur apporter des solutions en matière de plan de classement et de nommage dans un premier temps. Sur ce sujet, Mme Elisabeth Verry m’a laissé une grande autonomie et je l’en remercie. Cette expérience de l’itinérance, je la recommande à tous les archivistes : de nombreuses missions en peu de temps apportent une connaissance des sujets traités et du métier qui sort de l’ordinaire. Une multitude d’organisation de travail, un grand nombre de discussion avec des élus ou des secrétaires de mairie démunis mais heureux que vous soyez présents ont fait de mes débuts dans la vie professionnelle comme une promenade de santé…
Des changements de poste :
Je suis donc restée 6 ans archiviste itinérante en Maine-et-Loire entrecoupés de 2 années en tant que cheffe de projet archives chez Empreinte digitale sur le logiciel Ligéo Archives. J’en suis partie à cause de problèmes humains, mais j’ai beaucoup appris de ces deux années, essentiellement sur la partie technique que je ne connaissais que très peu. En 2015, j’ai monté ma micro-entreprise afin de travailler en freelance essentiellement sur des données numériques et à distance, essentiellement à cause d’un mal de dos persistant, qui m’empêchait de porter des boîtes. En décembre 2016, j’ai pris le poste de Responsable des données numérique et archiviste itinérante à la Communauté d’agglomération du Pays Voironnais (CAPV) en Isère (retour aux sources). J’étais responsable du projet archivage numérique de la Communauté d’agglomération : j’ai mis en place des plans de classement de services et réalisé un guide de nommage avec les assistantes. J’ai également monté une demande de subvention AD-Essor pour une Assistance à maîtrise d’ouvrage sur l’état des lieux numérique. En parallèle, j’intervenais dans 18 communes pour le traitement régulier de leurs archives. Je suis partie de la CAPV en mai 2019 car je n’aime pas rester les deux pieds dans le même sabot et que les dossiers n’avancent pas. Les élus qui ne prennent aucune décisions, ça me gonfle ! Je suis donc retournée à ma micro-entreprise pendant une année, et après de longs mois de discussions, j’ai finalement, en juin 2020, créé Dat@rchiv avec Fabrice Riva Roveda, également archiviste formé à l’Université d’Angers.
Travailler dans le privé :
Pour moi, le travail, c’est le travail, public ou privé n’a pas grande importance au final, si on fait ce qu’on aime et que l’on nous permet de le faire correctement. Néanmoins, j’ai toujours su que je monterais ma boîte un jour : je l’avais déjà annoncé à mon responsable dès la fin de ma première vacation à la DDAF (fin de licence je rappelle). Selon mes différentes expériences, public et privé, lorsqu’on est dans le public, pour ma part (je ne peux pas parler pour les autres), tout va bien si on est assez autonome et qu’on nous laisse libre de nos projets et de les faire vivre. Si jamais on se retrouve dans une structure très verrouillée où chaque demande met des mois à revenir, ça devient beaucoup plus compliqué. C’est pourquoi je suis partie de la CAPV et que j’ai créé Dat@rchiv. Étonnamment, lorsqu’on est dans le privé, les élus ou directeurs, nous écoutent plus en tant que prestataires, que leurs archivistes en interne qui disent exactement la même chose… Je suis donc très contente d’avoir monté Dat@rchiv avec Fabrice et je ne reviendrais sûrement pas (il ne faut jamais dire jamais) dans le public.
Et dans 5 ans ?
Sur un transat avec vue sur l’océan ! (LOL). A vrai dire, je ne sais pas trop, je suis là où je me voyais il y a 20 ans déjà. Vue la croissance de Dat@rchiv, je serais peut-être présidente, ou alors mes associés m’auront virée… Vraiment je ne peux pas répondre à cette question aujourd’hui.
Question bonus 🙂 L’AEDAA et vous :
Ahhh !!! L’AEDAA pour moi est ma première cause d’engagement. J’ai été responsable du bureau emploi de 2003 à 2006-2007, et depuis je suis les initiatives des différents bureaux qui sont souvent très intéressantes. Dommage que je sois si loin maintenant, sinon, je continuerais à participer. Ce portrait est donc ma pierre à l’édifice pour l’AEDAA. Au plaisir de pouvoir revoir une grande partie des anciens lors d’un anniversaire, pourquoi pas !
Alice Grippon
La voie des archives, retour sur un parcours universitaire :
Chronologiquement : Bac L, Prépa L, DEUG Histoire, Licence histoire et métiers des archives, Maîtrise histoire et métiers des archives avec la prise en charge et le classement d’un fonds d’archives d’une association écologie politique collecté aux AD49. Publication de mon mémoire « Anjou écologie autogestion : entre le Parti Socialiste Unifié et les Verts 1986-1998 », puis un DESS histoire et métiers des archives, et enfin, en reprise d’études 15 ans après le DESS, un master management des organisations, spécialité associations. Après des études d’histoire, pour ne pas être enseignante, j’ai effectué des recherches de pistes possibles à l’université d’Angers où je faisais mes études : parcours métiers des bibliothèques, de la documentation et des archives à l’époque. J’ai pu réaliser un premier stage concluant et avec à la clé une promesse d’emploi.
Débuts dans le monde professionnel et premier poste :
Archiviste itinérante dans le département du Maine-et-Loire, sous couvert / contrôle des AD49. La recherche a été facilitée par les études et le lien avec les AD49, surtout pour une angevine de naissance. Aucune difficulté pour entrer sur le marché de l’emploi. Mes études m’ont permis de m’y sentir à l’aise, en particulier par les stages et la maîtrise qui avait un fort axe métier. Par la suite, plusieurs contrats avec des communes du Maine-et-Loire, soit en première intervention, soit en suivi d’intervention, de quelques jours à plusieurs mois : ce fut très formateur. Seule face aux missions, toujours avec le soutien des AD49 mais aussi un premier réseau d’archivistes communaux du 49 qui invitait les archivistes itinérants à des journées d’échanges / réflexions sur les activités en commune. Et puis de manière assez soudaine er inattendue, j’ai eu la proposition d’un contrat de 6 mois pour remplacement de congé parental à l’Association des archivistes français à Paris. Ca ne résultait pas d’une recherche précise, c’était pour moi une opportunité de vivre à Paris pour 6 mois au départ.
Des changements de poste :
– 18 mois en tant qu’archiviste itinérante dans le Maine-et-Loire – Décembre 2004 : responsable du centre de formation de l’AAF (CDD jusqu’en janvier 2007 puis CDI) – Janvier 2011 : déléguée générale de l’AAF – Opportunité de rejoindre le Programme Vitam par une proposition reçue après presque 15 ans à l’AAF, belle occasion de changer et de prendre un nouveau défi. – Octobre 2019 : directrice de la diffusion et des partenariats du Programme Vitam (CDD). – Octobre 2022 : directrice adjointe, en charge de la diffusion et des partenariats, du Programme Vitam (CDD). Pour ce poste à partir de 2019, la mise à niveau sur l’archivage électronique et la gestion de projet informatique a été une étape importante. Quelques difficultés sur la gestion administrative : passer d’un CDD à un CDI, faire valoir son niveau d’étude pour un salaire correct.
Et dans 5 ans ?
Au ministère de la Culture, en administration centrale ou en établissements territoriaux (un possible passage en CDI peut rendre possible cela).
Question bonus 🙂 L’AEDAA et vous :
Un réseau initial qui reste un « phare » dans notre métier : rencontrer quelqu’un et dire j’ai fait Angers, j’étais à l’AEDAA. Une association formatrice par les actions qu’elle mène (monde associatif, mise en réseau) et qu’elle soutient (aide à la Journée d’étude de la formation). De bons souvenirs avec de nombreux amis rencontrés par le biais de l’AEDAA.
Un grand merci à Eve et Alice pour leur participation, nous espérons que ces portraits ont suscité des vocations !