Choisir un thème
Pour organiser une exposition d’archives, il faut d’abord trouver un sujet, se documenter sur celui-ci et en connaître son contexte. Le sujet peut se rapporter à des fonds d’un intérêt particulier, être en lien avec les célébrations locales ou nationales, la commémoration d’anniversaires, etc.
Les moyens matériels et humains
Une opération développée demande au moins un an de travail.
- Se mettre en relation avec les élus, sa hiérarchie, de les persuader de l’intérêt de cette exposition. Il peut être intéressant aussi d’établir des partenariats avec d’autres organismes culturels, avec des associations ou des entreprises, la transversalité permettant d’obtenir plus de crédits. Le fait de s’associer à des partenaires permet d’attirer aussi de nouveaux publics.
- Etablir un budget et rechercher des financements. Le budget doit notamment tenir compte de l’aménagement du local, de l’acquisition de matériel d’exposition, de la réalisation de microfilms ou photographies de sécurité des documents exposés, de leur restauration éventuelle, des assurances, de leur conditionnement et transport, des impressions, de la publicité et l’inauguration. L’assurance doit couvrir le document de son départ à son retour, transports inclus.
- Trouver un lieu, une salle pour l’exposition, mais les halls d’entrée sont déconseillés pour des raisons de sécurité.
- Mettre en place une équipe pour faire les recherches, choisir les documents, rédiger le catalogue d’expositions et les notices. Désignez aussi un commissaire d’exposition, chargé d’élaborer le plan général de l’exposition et le cadre, d’organiser le catalogue et l’exposition, de suivre le budget, d’être en relation avec les intervenants, les prêteurs, les assureurs et les prestataires. Pour l’exposition de documents empruntés, il est nécessaire d’obtenir l’accord écrit de leur propriétaire.
- Etablir un rétro-planning, c’est-à-dire un calendrier des opérations pour fixer les différentes étapes avant l’ouverture de l’exposition.
- Faire de la publicité et communiquer sur l’exposition par des affiches, articles dans la presse et médias… et prévoir aussi un dossier de presse à remettre aux journalistes. La publicité doit se faire dès la conception afin d’attirer le public et des partenaires potentiels.
Conception et montage de l’exposition
La sécurité
Les documents originaux choisis pour être exposés doivent être en bon état de conservation et supporter leur sortie des magasins. Pour cela, la solidité du support et de ses encres doit être observée : pas de papier jauni ou cassant, pas de document dont l’encre ronge le papier ou visible au verso de celui-ci. Le document sera aussi choisi en fonction de sa beauté, de sa lisibilité, de son originalité et de sa qualité informative.
Les documents seront placés soit dans des vitrines fermant à clé, soit sous des cadres vissés ou accrochés par des tringles ou crochets et équipés de dispositif antivol. Le verre des vitrines et des cadres doit être un verre sécurité filtrant contre les ultraviolets et antireflet. La durée d’exposition des documents ne devra pas excéder 3 mois. L’éclairage doit être artificiel (pas de lumière naturelle directe) et de 50 lux au maximum. Il est possible de faire tourner les documents, notamment pour éviter les phénomènes de microclimat et donc de dessèchement. Et bien sûr, la salle d’exposition doit répondre aux normes de sécurité contre le vol et l’incendie et respecter les conditions d’ambiance de conservation : entre 16° et 20°C et 50-60% d’hygrométrie relative.
La mise en espace
La mise en espace de l’exposition nécessite de définir un cheminement qui prend en compte un ordre intellectuel et visuel, l’espace et les modules d’exposition présents.
Tout pièce sera présentée avec une légende mais le texte des cartels doit être concis, visible et il faut éviter de surcharger les vitrines. Pour éviter la monotonie et la lassitude du visiteur, « le responsable du musée de l’Histoire de France estime que la proportion de 70% d’illustrations pour 30% d’écrit est la bonne ». Il est possible de jouer sur les couleurs, les supports et les niveaux afin de rendre l’exposition attrayante.
Les textes de synthèse présentant les différentes parties de l’exposition doivent être placés assez haut et être lisibles à 2 m de distance. Il est possible de jouer sur la typographie pour faire ressortir certaines informations et permettre d’identifier les collections.
Enfin, une exposition donne lieu à un catalogue, modeste ou élaboré, qui permet aux personnes de prolonger leur visite. Ce catalogue est un résumé de l’exposition, reprenant simplement les textes présentés ou il peut être un véritable ouvrage scientifique. Il doit être clair, lisible et compréhensible par tous.
Sources :
DAF, La pratique archivistique française, Paris, 2008, pp 423-434.
Pour plus de détails et de précisions :
Gilles DÉSIRÉ DIT GOSSET (directeur des archives départementales de la Manche), Comment exploiter un document d’archives dans le cadre de manifestations culturelles ; un mode privilégié : les expositions, Stage organisé dans le cadre de la formation continue par la direction des Archives de France, Angers, archives départementales du Maine-et-Loire, 13 novembre 2002.
Xavier Guillot et Ariane James-Sarazin, Les archives s’exposent, coll. Les Petits guides des archives, AAF, Paris, 2009.
Brigitte Pipon, Xavier Laubie, Module 12 : valorisation des archives, section 3 : réaliser une exposition, sur le Portail archivistique francophone, [en ligne], consulté le 9 septembre 2010.