À l’écoute des publics des archives : leurs identités, leurs attentes, nos réponses
Journée d’études organisée par les étudiants du master 2 professionnel « archives et réseaux documentaires » de l’université d’Angers et l’AEDAA – 9 mars 2007
Compte rendu des interventions
(élaboré à partir des résumés des intervenants et des notes des étudiants)
Introduction : l’évolution des publics des archives depuis les années soixante, par Élisabeth Verry, directrice des archives départementales de Maine-et-Loire
En introduction à la journée d’études, Mme Verry propose un retour historique sur l’évolution de la fréquentation des services d’archives publics en France au cours des cinquante dernières années. Elle estime que la période est caractérisée par une pulsation ternaire : une forte croissance des publics à l’extrême fin des années 1960 et au tout début des années 1970 laisse la place à une phase de stagnation qui dure jusqu’au début des années 1980, marquées par une nouvelle accentuation de la progression du nombre de lecteurs. Ainsi, le nombre de lecteurs différents enregistré par les archives départementales de Maine-et-Loire était de 380 en 1968 ; il passe à 746 en 1975 et dépasse le millier en 1984. Cette augmentation se poursuit à un rythme soutenu jusqu’aux environs de 1995, date à laquelle un
ralentissement, voire une stabilisation, interviennent.
Mme Verry insiste sur la césure des années post-soixante-huitardes. C’est effectivement dans ces années, à la faveur de la réforme des études universitaires et d’évolutions sociétales fortes, que s’ancrent les deux moteurs qui alimentent la croissance des publics des archives jusqu’aux années 2000 : l’explosion des travaux de recherche historique de type universitaire et, parallèlement, l’irruption d’un public amateur, généalogiste notamment.
L’organisation par l’Association des archivistes français en 1998 d’un colloque intitulé Les archives au service du public : quelles offres pour quelles attentes ? (actes publiés dans La Gazette des archives en
1999) était révélatrice d’une réflexion renouvelée de la profession sur
les utilisateurs des services d’archives. Peu de temps après, la
direction des Archives de France publiait, avec l’aide du département
des études et de la prospective du ministère de la Culture, deux grandes
enquêtes sur les publics des archives communales et départementales (en
2001), ainsi que nationales (en 2003) qui, pour la première fois,
donnaient un fondement statistique solide à la connaissance de nos
publics.
Cet intérêt nouveau signe une prise de conscience de la part des
professionnels. Il marque aussi, sans doute, les interrogations d’une
profession qui hésite parfois dans ses choix stratégiques.
Le débat n’est donc pas clos et le sujet mérite d’être encore approfondi. La journée du 9 mars 2007 entend y contribuer en se plaçant résolument du côté de la demande et non de l’offre : il ne s’agit pas ici de collectionner les expériences ou les explorations, si intéressantes soient-elles, d’approches originales des relations avec les usagers, mais bien de partir d’une analyse quantitative et qualitative des publics, pour envisager la possibilité et/ou la nécessité de nouvelles offres. Trois questionnements principaux structurent la journée :
1) Quelle est l’identité de ces publics : qui sont-ils ?
2) Quelles sont leurs attentes : pourquoi viennent-ils aux archives et qu’espèrent-ils y trouver ?
3) Quelles réponses pouvons-nous et devons-nous leur apporter ? Faut-il suivre le modèle des autres services culturels (bibliothèques et musées) ?
À l’écoute des publics des archives : identités, attentes, réponses : publication de la journée d’étude du 9 mars 2007
À l’heure
de la mise en ligne massive de documents d’archives numérisés, de la
réforme des études d’histoire dans le cadre du processus de Bologne et
des premiers signes de stagnation numérique du lectorat des services
d’archives, les communications rassemblées dans cet ouvrage entendent
contribuer à un renouvellement de l’approche des publics d’archives en
mettant l’accent sur l’étude de leurs caractéristiques et de leurs
demandes et plutôt que sur l’offre déployée par les professionnels. À
l’occasion d’une journée d’étude en
2007 par l’AEDAA, les étudiants du master « histoire et métiers des
archives » et le CERHIO, les organisateurs ont plaidé pour une
multiplication des enquêtes quantitatives et qualitatives, ainsi que
pour une réflexion ouverte à la pluridisciplinarité.
Sommaire :
Introduction par Élisabeth Verry
Approche de l’évolution du lectorat dans les services publics d’archives de 1968 à 2007
Les publics des archives aujourd’hui
Pierre Fournié
La connaissance des publics des archives : bilans statistiques, analyses et prospectives
Étudiants du master 2 professionnel histoire et métiers des archives, sous la direction de Patrice Marcilloux
Publics et archives : comprenons-nous ! Résultats de l’enquête menée
auprès des usagers des archives départementales de Maine-et-Loire
Besoins d’archives
Yves Denéchère
L’évolution du cursus universitaire d’histoire et la fréquentation estudiantine des centres d’archives
Sylvie Sagnes
Faire saigner ses racines : archives et généalogie
Élisabeth Rabut
Accès aux documents administratifs, accès aux archives : quels publics pour la CADA ?
Attirer les publics
Ariane James-Sarazin
Exposer des documents d’archives : une gageure ?
Joël Surcouf
Participation du public dans la valorisation des archives en ligne. L’expérience de la Mayenne
Jean-Charles Niclas
Le public des bibliothèques municipales : à quel prix ?
Conclusion
Patrice Marcilloux
Vers un nouveau modèle de relations avec les publics des archives ?
Sous la direction de Patrice Marcilloux, Presses universitaires d’Angers, 2009, 120 p.